La vie à mort, Gaël Tchakaloff, Flammarion

La corrida, dont l’origine remonte sans doute à l’époque romaine, fait partie intégrante du paysage culturel du sud-ouest. Impossible de ne pas remarquer les arènes lorsque l’on traverse des villes comme Arles, Nîmes, Bayonne, Dax ou Mont-de-Marsan, en Camargue, dans les Landes… Sans oublier l’Espagne, le Portugal, ou plus loin, le Mexique, la Colombie ou encore le Pérou. Tous les étés, c’est le rendez-vous incontournable des aficionados.

Les toreros y sont des vedettes, aussi adulées et riches que les joueurs de football. Peu de femmes s’imposent dans cet univers très masculin. Mais il y en a. Et surtout, il y a Léa Vicens.

La journaliste Gaël Tchakaloff a suivi Léa pendant près d’un an, après l’avoir découverte dans un article du quotidien Le Monde. Elle, qui n’aimait pas la corrida et en avait même peur, s’est plongée dans un univers fermé, extrêmement codifié, et surtout, dans le sillage de Léa elle-même.

Léa Vicens, reine des arènes à cheval

Née à Nîmes, Léa Vicens vit aujourd’hui dans une finca au sud de l’Espagne, entourée de ses chevaux, de ses chiens et de personnes entièrement dévouées à sa préparation physique et mentale pour affronter l’arène.

Elle est rejoneadora, c’est-à-dire torero à cheval. Partout, elle est accueillie comme une reine, et elle se comporte comme telle. Mais derrière cette prestance, il y a la rigueur : précision, ténacité et travail acharné sont indispensables à sa survie… et à son succès. Son personnage fascine. Et vous fascinera aussi si vous plongez dans cette biographie.

La corrida est un spectacle total : les toreros, les quadrilles, les banderillos et picadors, les chevaux, et bien sûr, le taureau, qui règne sur le sable de l’arène. Et puis il y a le public. Toujours.

La corrida, art total, entre tradition et controverse

On aurait tort de penser qu’il s’agit simplement de tuer un taureau, ou plusieurs. La clé de la corrida, c’est le respect. Respect du public pour les hommes, les chevaux et les taureaux. Respect des toreros pour le public, les chevaux, les hommes… et les taureaux.

Je ne vous conseille pas forcément d’assister à une corrida, mais si vous avez l’occasion d’en voir une sans mise à mort, ce pourrait être une expérience inoubliable. En passant dans une ville taurine, arrêtez-vous devant les affiches colorées à la boulangerie, par exemple, et laissez-vous porter par les clameurs qui montent des arènes.

Laissez vos préjugés à la porte et découvrez ce livre. En compagnie de Léa et de l’autrice, on retient son souffle à chaque corrida. Et c’est superbement bien écrit.

En bonus, pourquoi ne pas lire – ou relire – The Sun Also Rises d’Hemingway ?

📚 "La vie à mort", Gaël Tchakaloff. Flammarion. 2024

(Ce livre fait partie de la sélection de la bibliothèque Orange 2025)

Une chronique d'Anne Smith.
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Vocabulaire

  • L’arène : plaza de toros. Recouvert de sable fin de couleur jaune, entourée de gradins où les spectateurs prennent place, du côté ombre ou soleil.
  • Aficionado : passionné
  • Tauromachie : l’art du torero à pied ou à cheval
  • Taurin : adjectif, qui vient du taureau, les jeux taurins
  • Le toreador, torero qui officie et tue le taureau.
  • Le quadrille : six personnes qui forment l’équipe du toreador, menée par le matador
  • Rejoneador : torero à cheval qui pratique l’art du rejon, démonstration d’équitation et de dressage face au taureau (survivance de l’art chevaleresque).
  • Taureau ou toro : il doit être âgé de 4 ans ou plus pour pouvoir combattre ; il peut être gracié à la suite de certains combats.
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